Lors du salon Ludovia#18 d’août 2021, nous avons eu la chance d’organiser une conférence sur la question « Que peut l’École pour réduire les fractures numériques ? »

Animée par Pierre Schmitt, notre directeur innovation, la conférence a permis d’opposer les regards d’enseignant, de parent d’élèves et de chercheur en pédagogie.

Les fractures numériques


Depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020, l’expression « fracture numérique » est utilisée constamment. Reportages télévisés, échanges entre enseignants, réseaux sociaux … Nous nous posons cependant la question de savoir si ces fractures ont été provoquées par la crise du COVID-19 ou seulement mises en lumière par l’actualité ?

C’est ce que nous dit Jean-François Cerisier, chercheur à l’Université de Poitiers, lors de la conférence. Partons donc du postulat que la crise sanitaire mondiale a été un révélateur et non un catalyseur des fractures numériques. 

Quelles sont ses fractures numériques ?

Pour le numérique à l’école, il semble essentiel d’avoir un support par élève. Mais la réalité est tout autre ; smartphone ou smartphone cassé, un ordinateur par famille ou même aucun support.

  • Des qualités de connexion instables : zone blanche, absence de fibre, réseaux absents, l’accès à l’Internet n’est toujours pas en 2021 un acquis pour les élèves français.
  • Un usage récréatif du numérique : oui, les générations Z et Alpha sont hyper-connectées. Snapchat, Instagram, Youtube, n’ont pas de secret pour eux. Mais lorsqu’il s’agit d’utiliser le numérique pour l’apprentissage, les enseignants se rendent vite compte que les jeunes élèves ne possèdent pas les requis et compétences techniques nécessaires.
  • Un manque de formation du personnel enseignant qui va se traduire dans certains cas par un comportement réfractaire au numérique éducatif.

Les solutions à envisager ?

Bien entendu, certains problèmes sont des problèmes institutionnels qui ne peuvent être résolus que par la volonté politique. C’est le cas pour les structures de réseaux Internet.

Quant à l’usage numérique, Anne Veghte Quatravaux, enseignante en Lettres et IAN à la DANE de Montpellier, parle de littératie numérique pour lutter contre les fractures existantes. En complément de l’éducation par le numérique, il doit y avoir une culture numérique pour le numérique en classe mais aussi pour la vie citoyenne, après l’École.

Pour Anne Veghte Quatravaux, il ne faut pas laisser le numérique en dehors de la classe mais proposer des activités avec du numérique en présentiel. En effet, le numérique n’est pas un prolongement mais un outil à part entière.

Antonin Cois, parent de deux enfants de 7 et 10 ans, et conseiller municipal de la ville de Villejuif, insiste quand à lui sur l’importance de créer des alliances éducatives de parents au sein des écoles.

Pour Jean-François Cerisier, professeur des universités à l’Université de Poitiers, ces alliances éducatives doivent aller au-delà des parents d’élèves mais rassembler les collectivités et collaborateurs. L’École va au-delà du périmètre physique. Si elle ne forme pas aux compétences, gestes, techniques numériques utilisés pour l’apprentissage, c’est comme si elle n’apprenait pas à lire ou écrire aux élèves. Impensable n’est-ce pas ? Il y a une responsabilité institutionnel et de l’École, ainsi qu’une culture numérique qui doit exister, avec une reproduction à la maison, de manière consciente des gestes et techniques.

Les autres pistes de réflexion :

– Avoir un personnel technique et pédagogique de gestion du parc informatique

– Aller à la rencontre des enseignants réfractaires

– Réduire les sentiments d’insécurité chez les parents d’élèves et les enseignants.

Visionnez l’ensemble de la conférence :

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